Accueil A la une Reportage | Concours d’accès aux collèges pilotes (6e primaire) : Dur, comme la pierre !

Reportage | Concours d’accès aux collèges pilotes (6e primaire) : Dur, comme la pierre !

 

Le moment était haut en émotions pour ces petits champions qui ont mis le pied à l’étrier, avides d’expériences et de défis. Il s’agit du premier concours qu’ils passent et il ne sera certainement pas le dernier.

C’est sous les youyous et les applaudissements de leurs parents et proches que les élèves quittent l’école de la Cité el Hadiqa à Tunis. Ils viennent de passer le Concours national de la 6e année primaire. Le moment était haut en émotions pour ces petits champions qui ont mis le pied à l’étrier, avides d’expériences et de défis. Il s’agit du premier concours qu’ils passent et il ne sera certainement pas le dernier. Les visages des uns étaient souriants, rassurés par la présence de leurs parents. D’autres laissaient traduire un malaise, une déception… C’est que l’examen d’arabe était difficile ; un constat avancé par la quasi-unanimité des élèves. Le ministère de tutelle a placé la barre haut, peut-être un peu trop d’ailleurs !

Sabrine Zribi, institutrice, ne cache pas sa colère quant au choix de l’examen d’arabe: «Pourquoi choisir un texte aussi difficile qu’est celui de l’œuvre “Al Chahadh” de Mahmoud Taymour? Pourquoi opter pour des questions dont la formulation est compliquée et le vocabulaire inintelligible pour les élèves ? Franchement, je m’interroge sans trouver aucune explication sinon la volonté de démotiver ces élèves à peine terminant leur parcours primaire. Pourtant, il aurait été plus logique et plus humain de les encourager et de faire en sorte que leur premier concours soit sous de bons auspices et dans la joie. J’ai vu des élèves pleurer, aujourd’hui…».

Difficile voire désorientant !

Le regard interrogateur, le visage blafard, Eya Cherni a du mal à sourire. Son premier concours la marquera sans doute à jamais. Cette élève qui figure parmi les élèves ayant été mus par le désir de se lancer dans un challenge, au vu et au su de tous, semble amèrement déçue. «Le concours représente pour moi une expérience qui me permettrait d’être mieux avisée, désormais. Toutefois, l’examen était difficile. Même le vocabulaire utilisé dans la formulation des questions de l’examen d’anglais était nouveau pour moi. Je ne me souviens pas  l’avoir étudié au cours de l’année !», répond-elle à la hâte, avant de partir.

Mossaad Charfeddine s’apprête à rentrer chez lui, accompagné de sa maman. Cet élève tenait beaucoup à passer le concours. Il a travaillé dur tout au long de l’année, pour être prêt au jour J. D’ailleurs, il a suivi des cours supplémentaires en calcul, en éveil scientifique, en français et en anglais. «Je viens de passer l’examen d’arabe et celui d’anglais. Certes, j’ai bien révisé pour réussir l’examen. Néanmoins, je ne m’attendais pas à ce que les questions soient difficiles et incompréhensibles.  Le pire, c’est que j’ai souvent tendance à répondre avec précipitation et avec le trac, j’avoue que j’étais un peu désorienté», indique-t-il.

Le bon côté des choses

Plus calme et plus enthousiaste, Majd Youssef se réjouit d’avoir passé le concours; une expérience tant rêvée. «C’est un rêve que je viens de réaliser. Le concours représente, pour moi, en outre, une expérience qui me permettrait d’être mieux préparé aux concours à l’avenir. C’est aussi une occasion pour faire plaisir à mes parents et à mon père surtout qui est à l’étranger», indique-t-il souriant. Tout comme Majd, Ranim Dhifallah semble vaincre le trac, consciente de son mérite en tant que première de sa classe. Pour elle, l’examen était facile. «J’ai participé au concours pour vaincre le trac, une fois au baccalauréat», indique-t-elle le regard pétillant. Quant à Neïrouz Albouchi, et en dépit d’un texte qu’elle qualifie de rude et un vocabulaire indéchiffrable, a réussi à piger le sens en s’appuyant sur le contexte. «Ce qui est certain c’est que je n’ai pas cédé au stress. C’est un examen qui implique de la concentration et celle-là ne manque pas ! J’ai travaillé comme il le faut, à ma manière et je suis très optimiste pour le futur», souligne, heureuse, notre future médecin !

Ces «petits» combattants

A la gaieté et à la fraîcheur des élèves correspond le bonheur des parents ; un bonheur empreint certes d’angoisse. Regroupés en foule effervescente devant l’établissement, certains s’adonnent à la conversation, d’autres préfèrent patienter en silence. Les parents de nos jours sont, indéniablement, les plus craintifs pour l’avenir de leurs chérubins.

Un avenir qui nécessite la conjugaison de plus d’efforts pour accompagner l’élève et l’orienter vers des filières prometteuses. L’objectif étant non seulement de réussir le parcours estudiantin, mais d’être plus habilité à avoir sa place dans la vie active. Le véritable parcours du combattant est mené de plusieurs façons, exigeant persévérance, longue haleine, stress et tant de sacrifices…

Taoufik attend la sortie de son fils. L’enfant a dû suivre des cours particuliers conçus spécialement pour le concours. «Ce sont les instituteurs qui ont proposé cette méthode. Le mois dernier, mon fils a suivi des cours de français, de calcul, d’éveil scientifique, d’arabe et d’anglais. L’idée étant d’augmenter ses chances de réussir avec brio», indique-t-il. Pourtant, ce papa sait pertinemment que son fils a toutes les chances de réussir avec mérite vu que sa moyenne oscille entre 16 et 17 sur 20.  Pour Rim Haj Mohamed, mère au foyer et parente d’une candidate au concours de la 6e, participer audit concours est une bonne expérience pour sa fille. «Il faut toujours encourager les enfants à aller de l’avant et à prendre l’initiative», note-t-elle. Quant à Issam Maâlaoui, professeur d’informatique, il use de sa double casquette de père et d’enseignant pour guider son enfant vers le chemin de la réussite tout en lui inculquant le principe de la responsabilité.  «Il a opté de passer le concours et il me parle déjà de l’orientation. Ayant l’esprit matheux, il sait que cette filière lui ouvrira grandement les voies du succès», explique-t-il.

Le seuil de l’école primaire de la cité El Hadiqa se vide. Il n’y a plus personne. Ce qui reste, ce sont les émotions et les impressions, qui deviendront des souvenirs d’enfance…

crédit photo : © Koutheir KHANCHOUCH
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